samedi 21 mars 2009

Diouf, ce grand invité, veilleur de la francophonie

C'est avec grande émotion que je vous raconte ma rencontre avec Abdou Diouf.

Une rencontre qui aurait pu en être une. La voici, je vous la raconte.

Le palais de l'Unesco avait déroulé son tapis rouge pour accueillir ce soir à Beyrouth, le Secrétaire général de l'Organisation Internationale de la Francophonie et célébrer en ce 20 mars, la journée mondiale de tous ceux et toutes celles qui partagent cette même langue qu'est le français.

Après les mots de bienvenue, la scène s'était muée en un arbre à palabre avec pour animateur et maitre de cérémonie, le représentant de la célèbre chaine du monde francophone, le sympathique Patrick Simonin. Chanteurs et danseurs finalistes libanais des VIièmes Jeux de la francophonie avaient admirablement interprété l'amour, la fraternité, l'intégration, l'injustice, l'absurdité, la solidarité et l'indifférence des hommes sur des airs connus et aussi sur des compositions personnelles.

Ils étaient là tout joyeux.

Les danseurs du Beirut Dance Studio emportés par “Les bourgeois” et “Quand on n’a que l’amour” du chanteur du plat pays, avec leurs entrechats, pas chassés et pirouettes sur demi-pointes ont enchanté le public sur une chorégraphie de Nada Kano.

Cynthia a fait résonner sa voix avec l’Aigle Noir de Barbara, Anthony et ses musiciens ont compati un temps avec “Le mendiant” ; leur propre composition. Cheryl, l’Alice Dona de la soirée, avec son hymne à l’immigré et sa chanson “Je ne suis pas de là”, a fait vibrer les coeurs. Miguèle et sa chanson “Pourquoi ont-ils fait ça” en duo avec Anthony aux claviers ont prêté leurs voix à celle d’un enfant incompréhensif face à la cruauté des hommes. Karim et son copain, au regard caché par une casquette, ont scandé la langue de Molière sur des airs de rap. Ils ont ensuite repris tous en choeur, “La langue de chez nous”, d’Yves Duteil, magnifique poème à cette "langue belle qui porte son histoire à travers ses accents".

Une belle surprise avec Rajery, prince de la valiha, cette cithare, symbole traditionnel musical de Madagascar, et en finale Stéphanie Blanchoud et ses compagnons, lauréate de la catégorie "chanson" aux Jeux 2005 du Niger.

Bien calé dans mon fauteuil, j'avais attendu docilement jusqu'à la fin de la célébration pour me joindre aux officiels et participants et vivre ce moment rêvé, celui de la rencontre pour présenter mes hommages à Son Excellence au nom de ma créatrice, celle sans qui je n'aurai pas vu le jour. Celle qui m'a donné la voix et les mots pour le dire. Ces pages que vous lisez, je lui en suis redevable.

Dur, dur de me frayer un chemin dans la marée humaine. Mes efforts battaient de l'aile et mon extinction de voix ne m'aidait guère. J'implorai, crédule, que les sièges de la salle s'alignent en un sentier balisé et que mes pas me portent vers la scène.

En vain. La salle se vidait peu à peu.

Cédrus était introuvable. Aucune trace de mon ami le Phénix. Je suis sûr qu'il aurait fait l'impossible, lui. Pour me consoler, je répétais sans conviction "L'absent a ses raisons", un dicton du pays qu'il m'avait appris. "El ghayeb 3ezrou ma3ou".

Des hommes avec de grosses pastilles dans les tympans d'où pendait une sorte de vrille barraient la route. Ils se tenaient impassibles. La grande silhouette de l'ambassadeur de la francophonie s'estompait dans un branle-bas. J'entendis un "désolé". Un tout dernier. Puis son convoi a démarré et je l'ai vu partir dans un carosse noir à la forme interminablement longiligne.

Je rentrai chez moi inconsolable et perplexe. "Désolé". J'en restais bouche bée.

Inconsolabe je l'étais il est vrai, mais déterminé.

A vaillant coq, persévérer compte plus que jamais. Ce bémol à l'âme n'altèrera pas mon chant. A moins de 190 jours des Jeux, j'ai encore plein de mots à tisser sur la Toile.

Je sais que quelque part, au bout de l'espace francophone, son veilleur, ce grand invité de cette journée mémorable, lui qui a fait l'éloge de l'hospitalité du peuple libanais, de son engagement politique et choix culturel envers cette noble cause, porte bien son nom - diouf en libanais est le pluriel de dayf qui veut dire invité - je sais qu'il est là, présent, et qu'il suffit d'un clic pour que la rencontre se concrétise. Au-delà des océans, bien plus loin que les continents.



Senghor, son bâtisseur, l'avait bien dit "La Francophonie, c'est cet Humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre".


Ma mission continue. Accompagner la sixième édition des Jeux de la francophonie et le périple de ses arts au Pays de Cedrus.

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