mardi 31 mars 2009

Le français en son, image et en ligne récompensé

Bel après-midi au Palais de l'Unesco de Beyrouth, en ce dernier jour de mars, mois consacré à la célébration de la francophonie à laquelle le bureau du Moyen-Orient de l'Agence Universitaire de la Francophonie, basé dans la capitale libanaise y a activement participé en organisant deux concours pour encourager l'expression francophone par des approches ludiques et modernes.

Branle-bas pour la remise des prix aux lauréats de ces deux défis culturels "Dites-le en image" et "Dites-le en ligne" lancés par cet organisme dont la mission est de consolider la coopération universitaire en français dans le monde et en l'occurence dans la région du Moyen-Orient. Concours adressés donc à toute personne résidente dans un des pays suivants : l'Arabie Saoudite, Bahreïn, Djibouti, Égypte, les Émirats Arabes Unis, l'Iran, l'Irak, la Jordanie, le Koweit, le Liban, Oman, Qatar, la Syrie, les Territoires Palestiniens et le Yémen.

Le thème des concours portait, vous l'avez deviné sur les VIièmes Jeux de la Francophonie qui auront lieu au Liban dans leurs volets sportifs et culturels.


"Dites-le en image", le concours du meilleur court-métrage francophone proposait aux jeunes de 18 à 28 ans de réaliser des films sur les activités sportives qui seront disputées durant ces Jeux et qui sont l'athlétisme, le basket-ball féminin, la boxe, le football masculin, le judo et le tennis de table. Les deux meilleures réalisations sélectionnées ont été "Grand Prix", le film d'animation de Charbel Torbey qui a remporté le premier prix et le reportage "Le sport entre amateurs et professionnels" de Marwa Boutari et Zeina Cherkawi, toutes deux étudiantes à l'Universitaire Arabe de Beyrouth.

Quant au concours du meilleur blog francophone ou "Dites-le en ligne", il s'agissait de créer sur la Toile, un support de communication dédié aux disciplines culturelles de ces mêmes Jeux et qui sont la chanson, le conte, la danse, la littérature, la peinture, la photographie et la sculpture.

Honneur au "coq perché sur un cèdre", le blog de ma créatrice qui a été classé premier par le jury du concours suivi par "Adaphonie" de Aida Soufi et deux classements ex-aequo en troisième place "Il était une fois à Téhéran" de Hediyeh Sabahi et "La francophonie partout" d'Aline Aoun que je vous invite à découvrir.


http://adaphonie.hautetfort.com/
http://koochebagh.over-blog.org/ ; http://lartfrancophone.canalblog.com/

Sur cette photo, le visage dévoilé des lauréats entourés des officiels, excepté celui de Hediyeh Sabahi qui réside en Iran.

Photo An-Nahar

samedi 28 mars 2009

Un art, des textes et un clavier

Jour 3

La benjamine des finalistes, c'est elle.

Elle compose ses textes et sa musique.

Sur une portée, elle aligne des notes et des mots qui s'accordent.

De sa voix chaude, elle chante au nom de l'enfance qui ne comprend pas.

"Pourquoi ont-ils fait ça ?", "Sont-ils désolés ?" autant d'interrogations qu'elle se pose.

Un jour, peut-être le saura-t-elle.

Son clavier continue à résonner, en total harmonie, de la douce musique à nos sens.

Elle, c'est Miguèle Issa. C'est avec elle, que le rideau se ferme sur la palette des portraits talentueux du Pays du Cèdre.


Sept candidats, sept finalistes qui en défendront ses arts aux Jeux de la francophonie 2009.

jeudi 26 mars 2009

Un art, un portrait des mille et une nuits

Jour 2


Kan yama kan, fi kadim el zaman...


Il était une fois, il y a fort longtemps, Elle. Une fille aux cheveux longs couleur auburn née sous une bonne étoile. Celle qui fait rêver petits et grands. Par la magie de sa voix, elle les emporte dans des royaumes lointains où djinns, ogresses, princes et princesses se côtoient.

Sur un tapis volant, l'Orient elle nous raconte qu'il y a très longtemps, dans les contrées du désert, un homme s'était épris d'une belle qui portait son prénom au point d'en perdre la raison. Il lui chantait son amour en prose et en vers ; chose qu'il ne fallait point faire en ce temps-là. De sa belle née dans la nuit, à jamais il en fut séparé.

Sauf que la vie fait bien les choses et que la fille aux cheveux longs couleur auburn née sous une bonne étoile, nourrie par le talent de sa grand-mère et de son père, repris le chemin des troubadours et de ses aînés en narrant légendes et contes de "Petite lentille et autres histoires douces et cruelles".

Elle, c'est la fille aux cheveux longs couleur auburn qui file les mots, tourne les pages, traverse les continents, courtise petits et grands avec ses mythes et fables pour leur plus grand bonheur .

Elle, c'est Layla Darwiche, la derviche conteuse de l'Orient d'aujourd'hui.

mercredi 25 mars 2009

Un art, un portrait avec des mots pour le peindre

Elles sont trois. Avec les mots elles s'expriment. Elle les brassent avec enchantement, chacune avec son talent.

Avec elles, c'est en beauté que la saga des portraits prend fin.

Je vous les présente : la première leur prête sa plume, avec la deuxième ils voyagent dans le temps jusqu'au pays des mille et une nuits et la troisième les loue et leur compose des mélodies.

Les voici, les voilà. Tour à tour, un jour ; une artiste.

Jour 1
Ma première puise dans son encre, y trempe sa plume. Sur sa page blanche, des lettres, des mots, des phrases prennent formes. Des personnages aussi. Elle leur brode un lieu, une existence et les fait vivre.

Etudiante en philosophie, influence sans doute paternelle, elle a taquiné un temps la muse et a remporté en 2004, avec son recueil "Alba Rossa", le prix de la Traductière, concours de poésie de l’Université Paris-Sorborne, ouvert à tous les étudiants des établissements supérieurs français et francophones. En voici, quelques vers :


"Comme un linceul, la pâleur de tes joues
m’apprend qu’on a pris ma terre
et qu’à cet autel, à cette dalle d’ermite
que rongent les herbes inquiètes,

Tes lèvres de silence mourront sur mes mains"

Cette année-là, elle recevra également le prix de la nouvelle francophone à Issy-les-Moulineaux.

Juillet 2006. Un été qui lui fait revivre ce qu'elle avait vécu 20 ans plus tôt. Avec ses deux amies bloggeuses, un récit est né "Beyrouth, été 2006". Trois regards, trois styles différents sur la folie meurtrière et l'inaction des uns et des autres cet été-là. Trois jeunes femmes qui pendant trente-trois jours ont tenu leur journal qu'il soit en ligne ou sur papier. Dans son récit, elle témoigne de son vécu, de celui des autres, de l'actualité et pose un regard réfléchi sur les émotions qui en découlent.

Suivra en février 2008, l'adaptation d'une pièce de théâtre "un cauchemar en trois mouvemements" à partir de son texte et des extraits du blog d'une des auteures montée et interprétée à Paris par Nadine Malo, comédienne d'origine libanaise.

Très tôt elle a chaussé ses ballerines, a dansé transporté par la musique et a évolué "nourrie de l'enseignement de sa mère" (dixit Elle). C'est sur scène qu'elle puise aussi son inspiration, le théâtre étant cette autre corde tendue à son arc. Créer une chorégraphie en y mêlant texte, son et une image, tel est son art. Son spectacle "How they thought a table is a table" ou "Comment ils ont cru qu’une table était une table" présenté en 2007 à Beyrouth l'illustre merveilleusement bien.

L'inspiration ne s'arrête pas là.

En 2008, la Grande Bleue lui porte chance. Sa nouvelle "La ballade de Myriam" remporte le Grand Prix de la Méditerranée décerné par le Forum des Femmes de la Méditerranée. Forum qui organise chaque année son concours de nouvelles adressé aux femmes du pourtour méditerranéen dont le thème pour l'édition 2008 portait sur l' "Escale".

C'est elle qui a été sélectionnée pour représenter le Liban aux Jeux de la francophonie 2009 dans la catégorie "littérature".

Elle, c'est ma première artiste de ce jour, elle c'est Caroline Hatem.

samedi 21 mars 2009

Diouf, ce grand invité, veilleur de la francophonie

C'est avec grande émotion que je vous raconte ma rencontre avec Abdou Diouf.

Une rencontre qui aurait pu en être une. La voici, je vous la raconte.

Le palais de l'Unesco avait déroulé son tapis rouge pour accueillir ce soir à Beyrouth, le Secrétaire général de l'Organisation Internationale de la Francophonie et célébrer en ce 20 mars, la journée mondiale de tous ceux et toutes celles qui partagent cette même langue qu'est le français.

Après les mots de bienvenue, la scène s'était muée en un arbre à palabre avec pour animateur et maitre de cérémonie, le représentant de la célèbre chaine du monde francophone, le sympathique Patrick Simonin. Chanteurs et danseurs finalistes libanais des VIièmes Jeux de la francophonie avaient admirablement interprété l'amour, la fraternité, l'intégration, l'injustice, l'absurdité, la solidarité et l'indifférence des hommes sur des airs connus et aussi sur des compositions personnelles.

Ils étaient là tout joyeux.

Les danseurs du Beirut Dance Studio emportés par “Les bourgeois” et “Quand on n’a que l’amour” du chanteur du plat pays, avec leurs entrechats, pas chassés et pirouettes sur demi-pointes ont enchanté le public sur une chorégraphie de Nada Kano.

Cynthia a fait résonner sa voix avec l’Aigle Noir de Barbara, Anthony et ses musiciens ont compati un temps avec “Le mendiant” ; leur propre composition. Cheryl, l’Alice Dona de la soirée, avec son hymne à l’immigré et sa chanson “Je ne suis pas de là”, a fait vibrer les coeurs. Miguèle et sa chanson “Pourquoi ont-ils fait ça” en duo avec Anthony aux claviers ont prêté leurs voix à celle d’un enfant incompréhensif face à la cruauté des hommes. Karim et son copain, au regard caché par une casquette, ont scandé la langue de Molière sur des airs de rap. Ils ont ensuite repris tous en choeur, “La langue de chez nous”, d’Yves Duteil, magnifique poème à cette "langue belle qui porte son histoire à travers ses accents".

Une belle surprise avec Rajery, prince de la valiha, cette cithare, symbole traditionnel musical de Madagascar, et en finale Stéphanie Blanchoud et ses compagnons, lauréate de la catégorie "chanson" aux Jeux 2005 du Niger.

Bien calé dans mon fauteuil, j'avais attendu docilement jusqu'à la fin de la célébration pour me joindre aux officiels et participants et vivre ce moment rêvé, celui de la rencontre pour présenter mes hommages à Son Excellence au nom de ma créatrice, celle sans qui je n'aurai pas vu le jour. Celle qui m'a donné la voix et les mots pour le dire. Ces pages que vous lisez, je lui en suis redevable.

Dur, dur de me frayer un chemin dans la marée humaine. Mes efforts battaient de l'aile et mon extinction de voix ne m'aidait guère. J'implorai, crédule, que les sièges de la salle s'alignent en un sentier balisé et que mes pas me portent vers la scène.

En vain. La salle se vidait peu à peu.

Cédrus était introuvable. Aucune trace de mon ami le Phénix. Je suis sûr qu'il aurait fait l'impossible, lui. Pour me consoler, je répétais sans conviction "L'absent a ses raisons", un dicton du pays qu'il m'avait appris. "El ghayeb 3ezrou ma3ou".

Des hommes avec de grosses pastilles dans les tympans d'où pendait une sorte de vrille barraient la route. Ils se tenaient impassibles. La grande silhouette de l'ambassadeur de la francophonie s'estompait dans un branle-bas. J'entendis un "désolé". Un tout dernier. Puis son convoi a démarré et je l'ai vu partir dans un carosse noir à la forme interminablement longiligne.

Je rentrai chez moi inconsolable et perplexe. "Désolé". J'en restais bouche bée.

Inconsolabe je l'étais il est vrai, mais déterminé.

A vaillant coq, persévérer compte plus que jamais. Ce bémol à l'âme n'altèrera pas mon chant. A moins de 190 jours des Jeux, j'ai encore plein de mots à tisser sur la Toile.

Je sais que quelque part, au bout de l'espace francophone, son veilleur, ce grand invité de cette journée mémorable, lui qui a fait l'éloge de l'hospitalité du peuple libanais, de son engagement politique et choix culturel envers cette noble cause, porte bien son nom - diouf en libanais est le pluriel de dayf qui veut dire invité - je sais qu'il est là, présent, et qu'il suffit d'un clic pour que la rencontre se concrétise. Au-delà des océans, bien plus loin que les continents.



Senghor, son bâtisseur, l'avait bien dit "La Francophonie, c'est cet Humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre".


Ma mission continue. Accompagner la sixième édition des Jeux de la francophonie et le périple de ses arts au Pays de Cedrus.